Départ des sœurs Oblates de Cosne — Français

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Départ des sœurs Oblates de Cosne

Homélie 30ème dimanche du temps ordinaire année C
1 R 8,22-23.27.30 ; Ps 83 (84) ; 1 P 2,4-9 ; Mt 16,13-19

 Heureux les habitants de ta maison, ils pourront te chanter encore. (Ps 83)

Rassemblés en cette église de Cosne, nous souhaitons nous associer à la prière d’action de grâce du psalmiste : « Heureux les habitants de ta maison, ils pourront te chanter encore ». Le départ d’une communauté religieuse peut légitiment être vécu comme un arrachement et une tristesse. Presque chaque année dans le diocèse de Moulins, des congrégations religieuses, conscientes de leurs difficultés à renouveler leurs communautés décident, souvent à contrecœur, de fermer des maisons. C’est toujours un moment difficile pour les sœurs – ou les frères – qui partent, mais aussi pour les paroisses et les paroissiens avec qui des liens se sont noués pendant des années. Ce doit être aussi un beau moment de relecture de ce que la vie consacrée aura pu apporter et une action de grâce pour tout ce qui aura été vécu.

C’est le P. Michel Saint-Gérand qui, en 2008, a sollicité auprès des supérieures majeures l’implantation d’une communauté religieuse à Cosne. Cette année-là, le P. Michel Mercier quittait Montmarault, le P. Delbard devait quitter Cosne. Mgr Roland, alors évêque de Moulins désirait une présence de religieuses. « Une présence, plus qu’une action ; beaucoup de laïcs sont déjà actifs et efficaces ». C’est ainsi que les Oblates du Cœur de Jésus acceptaient de fonder une communauté à Cosne avec la présence successive de sœur Marie-Véronique, Sr Leticia, Sr Monique, Sr Marguerite-Marie.

1. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise
En cette fête de la dédicace, nous avons entendu l’évangile de la profession de foi de Césarée de Philippe où Pierre reconnaît Jésus comme « le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et l’apôtre de s’entendre affirmer par Jésus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ». Si nous ne connaissions pas la suite de l’évangile, nous pourrions imaginer que la solidité de Pierre vient de lui et que c’est parce qu’il est solide que Jésus le choisit comme pierre de son Eglise. Or nous savons bien qu’au moment décisif où Jésus va manifester ce que signifie être « le Christ, le Fils du Dieu vivant », Pierre va révéler non pas sa solidité, mais sa fragilité.

Jésus choisit donc un homme caractérisé non pas par sa solidité propre, mais par sa fragilité. Il choisit un homme qui n’est pas pierre par lui-même, mais qui est pierre par don. Il était Simon, il est devenu Pierre par la rencontre de Jésus. Il reçoit sa mission d’un autre, « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ».

Nos communautés qui semblent plus aujourd’hui marquées par la fragilité que par la solidité ont besoin de réentendre cet évangile. Nous ne nous rendons pas solides par nous-mêmes, notre solidité, notre assurance nous viennent de Dieu. Votre communauté paroissiale peut vous paraître affaiblie par le départ de la communauté de Cosne, et c’est vrai, elle l’est d’une certaine manière, mais sa solidité lui viendra toujours plus de la rencontre et du cheminement avec le Christ.

2. Vous aussi comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle
Sœur Marie-Véronique qui m’a envoyé quelques lignes pour me partager ce qui avait été vécu par la communauté sur Cosne pendant ces dix années m’a écrit : « Notre présence a été discrète ». Souvent nous imaginons que les communautés religieuses implantées dans notre territoire sont là pour « faire ». Les sœurs ça « fait » le catéchisme, l’animation liturgique, les visites aux malades, l’EAP, le CPP, les obsèques, etc. Notre évêque aime bien rappeler que les religieuses ne sont pas là pour faire – et souvent nous pensons pour faire à la place des prêtres moins nombreux ou des chrétiens moins disponibles – mais là pour manifester la beauté et le sens de la vie religieuse. Cela ne signifie pas qu’elles ne font rien et affirmer que leur présence a été discrète ne vient en rien contredire le fait que les sœurs de Cosne ont bien été insérées dans la vie paroissiale et la vie communale. Il me semble qu’elles ont ainsi participé, à leur manière et avec leur charisme propre à « entrer dans la construction de la demeure spirituelle » qu’évoque l’apôtre Pierre dans la deuxième lecture.

Le départ des sœurs invite chaque chrétien à se laisser interpeller : « Vous aussi comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle ». De quelle manière pouvez-vous vous sentir responsables de cette construction, de quelle manière souhaitez-vous participer à la construction sans cesse inachevée de votre paroisse du Bon Pasteur ? Je vous ai redit que Pierre n’avait pas été choisi selon sa propre solidité, ni selon ses propres capacités. Il a été choisi dans sa faiblesse. Cela devrait d’une certaine manière nous rassurer et nous faire percevoir que nous pouvons nous aussi être ces pierres vivantes nécessaires à la construction de l’Eglise. Dieu n’appelle pas des gens capables, mais il rend capable celui qu’il appelle, ce qui est tout différent. L’histoire de l’église est remplie d’hommes et de femmes qui ont été transformés par l’appel de Dieu et rendus capables d’accomplir de grandes œuvres auxquelles ils n’avaient jamais pensé auparavant.

3. Baptisés et envoyés
Nous conclurons dans les prochains jours le mois missionnaire extraordinaire voulu par le Pape François. Lors de la solennité de la Pentecôte, il a publié une lettre destinée à donner le sens de cette démarche. Elle s’intitule : « baptisés et envoyés ». « Célébrer ce mois nous aidera en premier lieu à retrouver le sens missionnaire de notre adhésion de foi à Jésus Christ, foi gratuitement reçue comme don dans le Baptême ». Le Pape rappelle qu’être missionnaire n’est pas une option, mais une donnée intrinsèque à la vie chrétienne : « L’Église est en mission dans le monde », « C’est un mandat qui nous touche de près : je suis toujours une mission ; tu es toujours une mission ; toute baptisée et tout baptisé est une mission. Celui qui aime se met en mouvement, il est poussé en dehors de lui-même, il est attiré et attire, il se donne à l’autre et tisse des relations qui engendrent la vie ».

La communauté des sœurs de Cosne a manifesté de mille manières non seulement cette conscience d’être envoyée par le Christ, mais aussi son désir de le partager : catéchèse, visite des personnes, présence auprès de diverses associations, les groupes de loisirs, club des ainées ruraux, chorale, voyages. « Ce sont des occasions de rencontres avec ceux qu’on ne voit pas à l’Eglise, des amitiés se nouent. C’est déjà la mission de proximité « au plus près de tous » que notre Evêque nous confie avec le projet missionnaire diocésain ».

A vous désormais chers paroissiens du Bon Pasteur de vivre pleinement votre baptême, de percevoir que vous êtes envoyés à la suite de Pierre pour dire qui est le Christ pour vous. A vous de trouver les lieux et les moments pour être « au plus près de tous » et ainsi témoigner de votre amitié dans le Seigneur.

Conclusion
Le charisme des Oblates du Cœur de Jésus : « Etre témoins de l’amour et ferments d’unité, révéler à tous les hommes le Dieu de tendresse. » n’est pas éteint avec le départ de Sr Marie-Véronique et Sr Marguerite-Marie, à vous le perpétuer et de le faire vivre !